Certains disent qu’il faut du courage – му́жество (moujestvo) pour affronter le long hiver russe. Alors, si vous êtes en Russie ou si vous comptez y venir cet hiver, le CREF vous propose de recharger vos batteries d’optimisme en vous donnant des expressions liées au courage et à la détermination.
Il fut un temps, en Russie, où les enfants de la grande noblesse étaient éduqués par des précepteurs français. Un mythe tenace – сто́йкий миф (stoïkyi mif) veut que ces précepteurs étaient tous arrivés après la révolution de 1789 et qu’ils n’avaient pas vraiment de qualifications pour enseigner – преподава́ть (priépadavat’). S’il est vrai qu’une partie des Français qui tentèrent leur chance en Russie n’étaient pas au niveau, beaucoup d’autres se sont occupé avec succès d’enfants de nobles très haut placés, et même de futurs Tsars, comme Alexandre 1er, par exemple.
Parmi ces précepteurs de haut vol, certains s’inspiraient des penseurs de leur temps, comme Rousseau, pour donner la meilleure éducation possible aux futurs grands hommes de la Russie.
Les jeunes nobles savaient bien ce qu’était le courage. Ils l’apprenaient déjà dans les contes de fées que leur nourrice – ня́ня (niania) leur racontaient. Dans ces récits épiques, le héros faisait toujours preuve de vaillance – хра́брость pour défendre sa bien-aimée – постоя́ть за люби́мой (pastayat’ za lioubimoï) ou vaincre ses ennemis – покоря́ть враго́в (pakarit’ vragov), tel le terrible et méchant Kachtcheï l’immortel – Каще́й бессме́ртный (Kachtcheï biésmertny). D’autres contes mettent en avant l’amitié дру́жба (droujba) et l’entraide – взаимопо́мощь (vzaïmapomochtch) : sauve un animal, et il t’aidera à vaincre l’ennemi en temps voulu.
Pour apprendre les langues avec leurs précepteurs, les jeunes nobles devaient souvent traduire – переводи́ть (perevodit’) des textes d’histoire. Cela leur permettait d’apprendre beaucoup de choses sur les modèles de gouvernance d’un pays, mais aussi de connaître les héros des temps antiques. Ils apprenaient, par exemple, comment Jules César pinçait fièrement l’oreille de ses soldats les plus braves – отва́жные (atvajnyié). Remarquez que ce mot ressemble au mot « important » – ва́жный (vajnyi). Ils apprenaient aussi avec quel esprit combatif – бойцо́вый дух (boïtsovski doukh) Pierre Le Grand modernisa la Russie à marche forcée – уси́ленным те́мпом (oussiliennym tempom) au début du dix-huitième siècle.
Ces jeunes nobles se rêvaient sans doute intrépides – бесстра́шны (bestrachny), déterminés – реши́тельны (réchitelny). Ils lisaient sans doute les exploits du maréchal Alexandre Souvorov, dont la traversée des Alpes a inspiré un tableau du peintre Sourikov, et qui déclarait : « celui qui est brave est sain, celui qui est audacieux est sauf » – « Кто храбр — тот жив. Кто смел — тот цел » (kto khrabr, tot jiv. Kto smiél, tot tsel). On peut sans doute dire de ce chef de guerre qu’il était un dur à cuir – не из ро́бкого деся́тка (nié iz robkava disiatka).
Pour nombre d’entre ces jeunes, l’Histoire ne les a pas fait attendre pour mettre leur courage à l’épreuve. Certains ont dû montrer leur bravoure – отва́га (atvaga) lors de la guerre de 1812, contre Napoléon. Si beaucoup reconnaissaient à cet ennemi, entre autres qualités, la hardiesse – сме́лость (smiélost’), il n’était pas question de lui laisser la mère Patrie – Родина (Rodina). Et de fait, bien qu’il soit arrivé jusqu’à Moscou, il a dû battre en retraite et les Russes l’ont poursuivi jusqu’à Paris.
Il y a encore aujourd’hui des fans absolus de l’empereur français, et, habillés des uniformes des deux armées, ils rejouent chaque année en septembre, la bataille de la Moscova, que les russes appellent bataille de Borodino. Chaque camp considère avec obstination – c упо́рством (ouporstvom) que cette bataille est sa victoire. Elle a en effet permis à Napoléon d’entrer dans Moscou, mais elle a décimé ses effectifs, fragilisant ainsi sa retraite ultérieure. La vérité est donc sans doute plus nuancée. En tout état de cause, on dit en russe que « rien ne résiste à l’homme courageux » – отва́жному челове́ку все по плечу́ (atvajnomou tchelavekou vsio pa plétchou).
Tout cela peut paraître d’un autre temps et il faut reconnaître que les méthodes d’enseignement employaient parfois la baguette pour inculquer ces notions aux élèves. Aujourd’hui, fort heureusement, les professeurs du CREF emploient des méthodes bien plus douces et se concentrent sur la conversation – обще́ние (abchtchénié) et la réalité d’aujourd’hui.
Faut-il être brave et courageux aujourd’hui ? Il n’est pas rare, dans le domaine professionnel ou dans la vie privée, qu’il faille faire appel à ces qualités. Il faut en effet de l’audace pour partir travailler à l’étranger, du courage pour apprendre une nouvelle langue, de la détermination pour s’intégrer avec succès dans un nouvel environnement.
Napoléon disait, paraît-il, que « le courage, comme l’amour, se nourrit d’espérance ». Voici un proverbe russe qui vous aidera sans doute dans les moments creux, « l’espoir est ce qui meurt en dernier » – наде́жда умира́ет после́дней (nadejda oumirayète pasliédniéï).