Vous avez beau essayer, vous ne progressez pas en russe. Comme si vous étiez sur un escalator interminable du métro moscovite dont on ne voit pas la fin. Vous ne seriez pas sûr, d’ailleurs, de pouvoir commander un café. Vous avez pris des cours, acheté un manuel d’auto-apprentissage, mais sans résultat probant. Sur place, vous continuez à balbutier trois mots avant de demander à votre interlocuteur s’il parle français ou anglais. Que faire ?
Une évidence : pour parler russe, il faut le pratiquer. Les spécialistes du CREF de Moscou vous donnent 10 conseils pratiques pour vous aider à communiquer en russe.
Conseil numéro 1 : ne restez pas entre Français, faites-vous des amis russes.
C’est important de soutenir sa communauté mais ce n’est pas comme cela qu’on apprend le russe. Il n’y a pas d’astuce clé en main pour faire connaissance, sachez juste que beaucoup de Russes, en particulier dans les régions, sont intrigués par la présence de Français en Russie et auront envie de vous demander ce que vous pouvez bien faire ici. De plus, les Russes ont encore tendance à sous-estimer l’importance mondiale du russe et à penser que personne d’autre qu’eux parle leur langue. Ainsi, la moindre tentative de parler russe de la part d’un étranger, même très hasardeuse, attire la sympathie, voire impose le respect.
Conseil numéro 2 : n’ayez pas peur de parler russe !
Souvent, lorsque vous êtes face à des interlocuteurs russes qui parlent un très bon français, vous n’osez pas leur parler dans leur langue. Au contraire, n’hésitez pas. Les Russes aiment qu’on leur parle dans leur langue, qu’on leur montre qu’on essaye de faire des efforts pour s’adapter à leur pays. Ne vous inquiétez pas de vos erreurs : les Russes eux-mêmes en font parfois.
Conseil numéro 3 : ne cherchez pas à traduire du russe vers le français et vice versa.
Les structures des phrases dans les deux langues sont très différentes. Simplifiez au maximum les structures des phrases que vous voulez dire, quitte à perdre en nuance ce que vous gagnerez en communication.
Conseil numéro 4 : utilisez des mots transparents.
Il y en a plus que vous croyez : prenez par exemple partenariat – партнерство (partniorstva), modernisation qui revient souvent dans le discours politique – модернизация (madernizatsia), contrat – контракт (contracte), diplôme – диплом (diplôme), procédure – процедура (pratsédoura), problème – проблема (prabliéma), initiative – инициатива (initsiativa)… Imaginons une situation où il vous manque le mot pantalon, vous pouvez utiliser le mot jeans – джинсы (djinsi) à la place.
Conseil numéro 5 : utilisez des anglicismes.
D’un point de vue éthique, ce n’est pas souhaitable mais cela permet de continuer son discours sans sortir du cadre linguistique russe lorsque vous n’avez pas le vrai mot russe. Exemple : vous pouvez utiliser upgrade – апгрейд à la place de улучшение (ouloutchénié) pour« amélioration », ce n’est pas très beau mais c’est compréhensible.
Conseil numéro 6 : écoutez de la musique russe.
Il y a des chansons aux paroles gaies et abordables dans le rock et la variété soviétique qui sont restées des classiques. Essayer Anna German, Vladimir Vysotsky et Kino, ou encore Bi-2 ou Mumiï Troll parmi les artistes plus actuels. Et puis vous pourrez échanger vos impressions avec les Russes qui seront bluffés par votre connaissance de leur culture !
Conseil numéro 7 : lisez en russe.
Il y a des journaux gratuits distribués dans le métro (« Métro » – « Метро » pour ne pas le citer) : les articles sont courts, écrits de manière simple, très accessibles pour des novices. Si vous voulez avez dépassé les bases, tentez les romans. Contrairement à ce que l’on pense, Tolstoï a une langue claire et simple, et, pour Guerre et Paix, la moitié ou presque est en français ! Parmi les auteurs contemporains, Boris Akounine (auteur de la série des romans policiers historiques traduits en français dont le héros est l’inspecteur Eraste Fandorine). Lisez tranquillement, imprégnez vous de la langue, ne cherchez pas à tout comprendre. N’utilisez de dictionnaire que quand un mot empêche la compréhension de toute une phrase. Tentez aussi les éditions bilingues de récits courts de Pouchkine, Tchekhov, Tourgeniev , etc. chez Folio.
Conseil numéro 8 : écoutez la radio russe.
Tout aussi efficace pour apprendre et moins politisé que la télévision. Nous recommandons d’écouter Business FM – Бизнес ФМ ou Vesti FM – Вести ФМ pour les infos générales et Radio Chanson – Радио Шансон ou Radio Datcha – Радио Дача pour la musique populaire russe (à petite dose si vous n’êtes pas fan de variété). Les titres des journaux radiophoniques et la météo sont un très bon entraînement, vu qu’ils se répètent souvent de jours en jours. Pour ceux qui sont plus pointus, il y a aussi la radio « Echo de Moscou » – Эхо Москвы : non seulement vous progresserez en russe, mais aussi vous pourrez écouter les débats qui agitent le monde politique en Russie.
Conseil numéro 9 : regardez des films et des dessins animés russes/soviétiques.
Les Russes ont leurs propres dessins animés qui datent encore de l’époque soviétique et qui se sont transmis à la génération actuelle. Toujours très bienveillants et didactiques, ils apprennent aux enfants à s’exprimer sur des sujets quotidiens et familiers en utilisant des rimes et des jeux de mots. Le dessin animé Conte du glaçon blanc – сказка о белой льднике (skazka a biéloï ldinkié), par exemple, est très efficace pour étudier l’emploi des mots propreté – чистота (tchistata) et ordre – порядок (pariadok). Nettoietout – Мойдодыр (Moïdadyr) est très utile pour apprendre les différentes étapes de la journée, les noms d’animaux, et c’est sûrement la seule animation où il est possible de voir un évier qui parle ! Evitez, en revanche, les livres de contes, dont la langue, souvent poétique, est destinée à un locuteur natif.
Conseil numéro 10 : étudiez le russe avec des professionnels.
Toutes les astuces évoquées sont inutiles sans des cours de russe de qualité. Par exemple, les enseignants du CREF sont des professionnels reconnus et talentueux. Ils/elles sont recruté(e)s sur la base de leur formation, de leur expérience mais aussi de leur charisme. Ils/elles sauront vous transmettre leur passion de la langue russe et de la Russie. Et vous êtes sûrs de faire des progrès à l’oral !